Vous êtes ici : > > > Marius en mille morceaux
couverture du livre Marius en mille morceaux écrit par Mersier Laurent

Mersier Laurent Marius en mille morceaux

364 pages
Poche : 11 x 18 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Roman
Numéro ISBN : 978-2-35682-450-9

12.00 € TTC

Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement

Commander ce livre
maintenant

Présentation de Mersier Laurent
éditeur de Marius en mille morceaux


Né en 1966, Laurent Mersier est journaliste indépendant. Il a aussi ouvert une cave à vins dans le Vaucluse. Entre récit autobiographique et conte moral, il trace les contours d’un au-delà et ouvre une porte sur l’immortalité.

Présentation de Marius en mille morceaux


Un accident de voiture et tout s’arrête. Tout ? Pas tout à fait. Pour Marius, jeune garçon de vingt ans, l’heure est à l’introspection… et à l’expiation. Avant de retrouver une enveloppe de chair et de sang, il devra rester en transit sur la Passerelle et vivre une étape déterminante dans son évolution. De la révélation sur sa véritable nature jusqu’à sa réincarnation annoncée, Marius prend les rênes de sa vie. Avec l’aide de Rosiane, médium qui lui offre un passeport pour le retour sur Terre, il va montrer la voie à ceux qui lui sont chers. Et peut-être même changer leur vie.


Extrait du livre écrit par Mersier Laurent


Quand, en ce nouveau 24e jour, Marius fit le chemin en arrière vers la Terre, il fut étonné de ne pas apparaître dans le salon de Rosiane. Au lieu d’atterrir sur son fauteuil préféré, il était posté sur une chaise en plastique orange inconfortable mais cela, il ne faisait que s’en souvenir car l’inconfort n’était plus pour lui qu’une donnée abstraite. Et la grande pièce où il se trouvait, au crépis ancien et aux dalles blanches recouvrant le sol, lui rappelèrent une ambiance très… hospitalière.

— Encore ! s’exclama-t-il. Décidément…

— Bonjour Marius, lui répondit Rosiane, assise à côté de lui. Elle avait un air tourmenté, presque solennel, qui contrastait avec son habituelle légèreté d’être.

— On est là parce que ta mère y est aussi. On va l’endormir d’un instant à l’autre.

Marius éprouva une vive inquiétude.
— Qu’est-ce qu’elle a ? C’est grave ?
— On ne sait pas ce qu’elle a, on va lui faire des examens plus poussés. Elle se plaint de douleurs au ventre. Elle a mal, très souvent. Des problèmes de digestion, semble-t-il. Les analyses de sang sont bonnes mais les médecins veulent explorer.

Rosiane avait enfin une bonne raison de garder Marius près d’elle et elle lui déballait maintenant tout son sac. Elle lui raconta comment, depuis la première entrevue au village, elle avait noué des liens d’amitié avec sa mère. Bien sûr, par la suite, Rosiane n’avait rien dit des rendez-vous mensuels avec son fils et du rôle qu’elle jouait auprès de lui mais elle avait les bons mots pour apaiser la douleur d’une maman.

Les deux femmes se voyaient régulièrement, Rosiane était même venue en Provence, dans la maison de famille et avait eu le droit de rentrer dans la chambre de Marius, une chambre où la colère était inscrite sur les murs et qui était restée en l’état depuis son départ. Elle avait aussi fait la connaissance de ses frères et sœur et avait même manipulé son beau-père qui se tenait toujours aussi mal sur sa chaise de bureau. Mais c’est Valérie qui l’inquiétait. Certes, elle avait réussi à reprendre le cours de sa vie mais toute envie était cassée en elle, l’envie de vivre pleinement, de s’amuser, de profiter, de créer, de s’enrichir. Valérie ressassait sa disparition en boucle, une litanie dont elle ne pouvait se départir. Le processus de deuil qu’elle avait enclenché avec une psychologue, des médiums et autres rebouteux l’avait momentanément soulagée mais pas guérie. L’absence était toujours sous ses yeux et dans son cœur. Marius la hantait et le fait qu’elle en soit dépossédée physiquement la rendait totalement hermétique au plaisir et au bonheur. Le stress, les remords et l’incongruité de la disparition de son fils s’accumulaient dans son ventre qui devenait le réceptacle de toutes les injustices.

Valérie avait elle-même fixé la date de l’examen : le 24. Elle avait une théorie : peut-être entrerait-elle en contact avec Marius au cours de son anesthésie, on sait que ce voyage narcotique vous emmène parfois dans des contrées mentales insoupçonnées. Elle y croyait et s’y préparait. À moins qu’elle n’ait décidé de ne pas se réveiller un 24, comme son fils, pour aller le rejoindre là où il était. Voilà pourquoi Rosiane l’avait appelé à la rescousse.

— Marius, si tu peux faire quelque chose pour ta maman, c’est maintenant, dit Rosiane, ne lui laissant aucune alternative.

« Qu’est ce qu’elle pouvait bien avoir dans le ventre et dans la tête pour se retrouver sur le billard ? », se demanda Marius. De son vivant, sa mère était une femme courageuse, une battante et jamais elle n’aurait baissé les bras. Très tôt, dans sa vie, elle avait appris à se débrouiller seule et à ne compter que sur elle-même. Jeune maman, elle n’avait rien changé. Avec un conjoint toujours en vadrouille, elle prenait son fils sous le bras et s’en allait rendre visite aux copines quand elle ne partait pas en week-end visiter d’autres régions. Marius devait s’adapter au rythme de sa maman et cela participa de son apprentissage. Le gamin développa très tôt une curiosité et une aisance en société qui le rendaient plus malin que ses camarades. Valérie et Marius, le binôme fonctionnait à merveille et le petit homme occupait une place majeure dans la maison, même si elle prit soin de ne jamais le laisser gouverner. Valérie était ainsi, avec une vitalité et une détermination hors du commun qui forçaient l’admiration. « Non, pensa Marius, ma mère ne peut pas laisser tomber. »

Quand il pénétra dans le bloc n° 2, deux infirmières…