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couverture du livre Mer de Flines écrit par Deregnaucourt Thomas

Deregnaucourt Thomas Mer de Flines

440 pages
Poche : 11 x 18 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Savoir
Numéro ISBN : 978-2-35682-157-7

11.40 € TTC

Frais de port inclus France
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Présentation de Mer de Flines


Découvrez et Redécouvrez La MER DE FLINES A travers ses recherches à présent publiées, Thomas Deregnaucourt dresse un panorama complet des connaissances sur cet étang si cher au cœur des habitants de la commune de Flines-lez-Râches (département du Nord). Origine géologique, sources archéologiques, documents historiques, témoignage inédit du dernier marchand de lin, histoire contemporaine de la société de pêche la Touche Flinoise, sans oublier des données nouvelles sur la mystérieuse légende de la Mer de Flines. Tout est passé en revue et vous pourrez même tester vos connaissances à travers un quizz fourni avec le livre.

A travers ce livre de 440 pages, ce sont deux mille ans d'histoire de Flines qui se dévoilent. Procurez-vous sans plus tarder cet ouvrage référence sur la Mer de Flines.


Extrait du livre écrit par Deregnaucourt Thomas


« Papa, c’est quoi la Mer de Flines ? », me questionna un jour mon fils, tandis que je l’emmenais jusqu’au plan d’eau pour une promenade. Je le croyais pressé de lancer du pain sec aux canards naviguant habituellement sur l’étang et sa question me prit de court. A deux ans, la mer a un sens très simple : plage, châteaux de sable et promesses de baignades dans les vagues salées… Comment lui avouer que la « Mer » dont je lui parlais n’était, pour faire vite, qu’un étang de pêche, dépourvu de plage, et où la baignade était interdite depuis belle lurette ? Il allait forcément être déçu par ma réponse… Comme tous ceux avant lui qui, passant par Flines, m’avaient posé la question. Mes explications incomplètes avaient écopé systématiquement d’un « ah !.. » poli, et leur avaient souvent inspiré quelques réflexions ironiques sur l’opportunité d’utiliser le terme « Mer » pour désigner ce qu’ils considéraient comme un modeste lieu de pêche.

« Papa, c’est quoi la Mer de Flines ? » Oui, un étang de pêche. Mais un peu à part, avec sa forme ronde qui en fait un lieu unique. Comme dessiné au compas. Un plan d’eau étrangement rond dont on m’avait appris, tout gamin, à me méfier. A cause du tourbillon qui aspirerait le baigneur imprudent vers ses profondeurs aveugles. Danger. Passé incertain. Légendes… Je nous vis, moi, et mon petit bonhomme, dans le miroir muet des eaux vertes. Et quand je repris la parole, en tenant fermement la main de mon fils, je puisai dans ma mémoire des bribes de récits, histoires floues dont je redessinais avec mes couleurs personnelles les contours. « Il y a fort longtemps, habitait à la Mer de Flines un terrible seigneur. Son château se trouvait à l’emplacement actuel de l’étang car à l’époque, il n’y avait pas encore d’eau… »

Voilà. Quelques mois plus tard, en février 2010, je me replongeai dans les documents de mon grand-père, Louis Deregnaucourt, qui fut sociétaire de la Mer de Flines. Et je ressentis le besoin d’en savoir plus sur cette mer intérieure à la commune qui m’avait vu grandir. L’idée de ce travail était née. A l’origine, il s’agissait de rédiger un court fascicule d’une trentaine de pages, en se contentant de synthétiser les données existantes et en les rassemblant en un même volume.

Mais plus je m’appropriais le sujet, plus je ressentais la frustration de me contenter de cette approche. C’est pourquoi je décidai de creuser encore, au-delà de ce qui était déjà connu et me lançai dans une véritable démarche de recherches. Une petite folie : quand je jette un coup d’œil en arrière, à ces trois années de travail et de temps volé, aux frontières de mes vies professionnelle et familiale déjà bien remplies, j’avoue que je ne suis pas peu fier de voir (enfin ! diront certains…) aboutir ce projet.
Il est vrai qu’il me fallut du temps, car je me suis rapidement rendu compte que cette recherche nécessitait des connaissances nombreuses et précises sur un tas de domaines ; connaissances qui me faisaient largement défaut à l’ouverture de ce travail. Pour combler mes lacunes, j’ai essayé de collecter toutes les sources existantes, de les comprendre, de les situer dans leur
contexte et parfois de les critiquer, avec le souci de limiter mes erreurs.

Bien sûr, dans cette masse d’informations, il était difficile de faire le tri, entre l’anecdotique et le sérieux. Ce travail de synthèse était ardu et la conclusion souvent impossible. Fallait-il alors s’abstenir de tout commentaire, prudence faisant loi ? En portant un regard quasi neuf sur le sujet, je me suis au contraire autorisé à explorer les pistes les plus sinueuses, celles que le rigoureux scientifique aurait naturellement écartées. On trouvera donc dans ce travail des thèses plus audacieuses, ou sujettes à caution. Mais qu’il soit dit ici que ces détours, ces entorses à la déontologie du scientifique, visent moins à faire une démonstration définitive qu’à stimuler la réflexion et à inciter les futures productions concernant la Mer de Flines. Thomas Kuhn, historien des sciences, affirmait que « la science n’est qu’une suite d’erreurs rectifiées ». Mes réflexions s’inscrivent modestement dans cette perspective.
Toutefois, et par souci d’honnêteté, j’ai pris soin de différencier systématiquement ce qui était prouvé de ce qui ne relevait que de l’hypothèse. Une obsession qui m’a conduit à user et à abuser des bémols. Que le lecteur soit indulgent : car au final, je dois bien admettre que ce volume pose autant de questions qu’il n'apporte des réponses.

Il n’existe pas « d’expert » de la Mer de Flines mais j’ai rencontré, pour la plupart des thèmes abordés dans ce recueil, des spécialistes qui ont accepté de partager généreusement leurs connaissances avec le profane que je suis. Parmi eux, le descendant d’une famille de liniers (artisans qui travaillaient le lin), qui m’a donné accès à des sources incroyables, les archéologues aussi passionnés que passionnants, un géologue aux thèses aussi iconoclastes que stimulantes, et bien sûr des Flinois qui sont venus me livrer une foule de détails. Grâce à leur précieuse collaboration, j’ai pu rassembler des connaissances nombreuses et précises sur tous les aspects touchant la vie d’hier et d’aujourd’hui autour de la Mer de Flines.

Ce volume n’est pas un livre d’Histoire, même pas de la « petite histoire », celle qu’on appelle parfois de façon un peu pédante « une monographie locale ». Mais il écrit toutefois une nouvelle page de l’histoire de la mer, grâce aux données que j’ai collectées au fil de mes recherches. L’histoire de l’occupation de l’étang par les marchands de lin avant la création de la société de la Mer de Flines, en 1847, constituait jusque-là une limite au-delà de laquelle les historiens n’étaient pas allés. Ce verrou a cédé et nous disposons à présent d’éléments historiques de première main issus des archives départementales du Nord. Cela m’a permis de remonter le fil de l’histoire jusqu’en 1691.

Forcément, au regard du temps consacré à mes déplacements jusqu’à Lille pour compulser, des heures durant, ces archives poussiéreuses, je ne peux que partager avec vous le regret de n’avoir pu étudier d'autres archives, plus proches et plus accessibles, pensais-je, que détient la Société Civile Immobilière de la Mer de Flines. Malgré les garanties apportées lors d'une rencontre explicative et plusieurs échanges avec le gérant, je ne suis pas parvenu à consulter ces documents qui auraient pu apporter un éclairage supplémentaire à ce travail. J’espère que la lecture de ce volume prouvera, s’il en était encore besoin, l’honnêteté de mes intentions qui n’ont jamais visé autre chose que la compréhension historique d’un fait social majeur, le rouissage du lin, l’une des principales activités économiques de notre village pendant trois siècles.

Mais laissons là les regrets pour entrer dans le vif du sujet. Cet ouvrage est organisé en treize chapitres, qui traitent, pêle-mêle, de la géographie, de l’archéologie, de l’économie, de l’histoire, de la mythologie et de la période contemporaine. De façon un peu schématique, à chacun de ces six thèmes correspondent deux chapitres.

Il semble d’emblée nécessaire d’évoquer l’étang sous l’angle des données géographiques disponibles. L’emplacement de la Mer, sa profondeur, sa taille. Loin d’être seulement un passage obligé de la recherche, ces données montrent une Mer de Flines pleine de surprises. Il m’a semblé indispensable de montrer à quel point l’espace de nature constitué par l’étang et les quelques hectares de verdure qui la bordent ont été modelés, transformés et parfois abîmés par l’occupation humaine. Un second chapitre est consacré à l’hypothèse défendue par Alain Villain concernant l’origine météoritique de la Mer de Flines. Hypothèse d’un doux rêveur ou thèse avérée ? Le lecteur se fera sa propre idée !

Un vaste chapitre sera ensuite consacré aux découvertes archéologiques antiques dans la Mer de Flines. J’ai tenté de synthétiser les données disponibles, de dénouer les fils mythiques des fils historiques. Contrastant largement avec la densité de ce qui précède, le chapitre suivant procède d’un aveu d’ignorance. Il fallait bien confesser que je n’avais aucune information sur près de neuf cents ans d’histoire de la Mer. Entre le IVe siècle et le XIIe siècle, on perd en effet la trace de la Mer. Et pourtant, cette période est essentielle : c’est en particulier à ce moment charnière que la Mer prend son nom.

Les deux chapitres suivants traitent de l’histoire de la Mer dans une perspective historique et juridique. L’angle adopté est la recherche des modes de propriété et d’occupation du site entre le Moyen-âge et aujourd’hui. On y découvre en particulier que la Société de la Mer de Flines qui se constitue en 1847 a des racines bien plus anciennes qu’on ne l’imagine et qu’elle hérite d’un mode d’organisation impulsé par l’abbaye de Flines qui a possédé l’étang durant cinq siècles. Derrière les statuts et les formules juridiques arides, c’est toute une organisation économique mais aussi une organisation sociale autour du travail du lin qui apparaissent.