LEMAIRE JOEL LETTRES A MA BIEN AIMEE

Présentation de LETTRES A MA BIEN AIMEE

Automne 1917, la Lorraine, cette région frontalière où la guerre sévit, depuis maintenant trois ans, est ravagée, et rien ne va plus. Partout, c’est l’incertitude. De nombreuses villes et villages sont en ruines ou presque. D’autres sont même rayés de la carte. Ce spectacle désolant, qui rappelle aussi son cortège de violences, d’horreurs, de privations, et de sacrifices en tous genres, conduit chacune et chacun à essayer de survivre, par tous les moyens, quand tout manque ou presque.
A l’ouest de celle-ci, à proximité de Toul, en Meurthe et Moselle, le petit village de Gibeaumeix, c’est là, précisément, où est née Adrienne, au printemps 1895. La même année, on note, aussi, la naissance officielle du cinéma. A côté, Rigny-Saint-Martin, est une autre commune, mais cette fois du sud meusien. Un autre écrin de verdure où vit maintenant sa famille. Mais, dans cette immense campagne, tout près de Vaucouleurs, la situation n’est pas meilleure. Certes, par chance, ces deux localités ont été en partie épargnées et sont encore debout. Mais, comme partout ailleurs, les hommes sont partis à la guerre et ceux qui sont restés sont soit invalides ou trop âgés pour être mobilisés. De ce fait, la débrouillardise est de règle.

Extrait du livre écrit par LEMAIRE JOEL

LA RENCONTRE
A Rigny-Saint-Martin...
Après près d’une demi-heure de marche, au détour d’un chemin, des éclats de rire se font entendre. Marthe et Lucienne sursautent surprises. Elles se retournent aussitôt pour prévenir leur mère ainsi qu’Adrienne. Elles retiennent leur souffle, quelques instants, et écoutent. Le bruit se rapproche et elles aperçoivent, immédiatement après, plusieurs soldats qui se promènent, aussi, dans le bois. Parmi eux, il y a peut être leurs copains avec qui elles ont sympathisé.
Elles croisent les deux premiers, qui les saluent et qui poursuivent leur chemin, tout en discutant. Juste derrière, deux autres apparaissent et continuent de rire. Il s’agit d’eux, elles les ont reconnus. Elles en sont sûres. Ils s’arrêtent d’ailleurs aussitôt quand ils les aperçoivent…

LES PREMIERES LETTRES
Mais Raoul, attend aussi, depuis plusieurs semaines déjà, une permission, maintenant imminente, pour rendre visite à sa famille à Rouen…
A son arrivée, au numéro 12, de la rue aux Anglais, la surprise est totale. Toute la famille est réunie, et attablée. Il est accueilli en héros…
Le lendemain, un programme de visites l’attend déjà, et en fin de journée, une fois ses obligations terminées, il se retire un moment dans sa chambre, pour pouvoir écrire, à sa belle, sa première lettre…

«Chère Adrienne,
Après un voyage assez fatigant, je suis bien arrivé, hier au soir, à Rouen. Après un repos bien gagné ce matin et quelques visites, cet après-midi, je ne veux pas laisser passer la soirée sans vous écrire un petit mot comme c’était promis…

LA REPRISE DES OPERATIONS…
LE PLATEAU PICARD…
LE SAILLANT DE SAINT-MIHIEL…
Adrienne est très inquiète. Le canon, qui pourtant, gronde régulièrement au loin, s’est fait, d’un coup, plus pressant et plus fort encore. Et maintenant, ce sont les avions, qui ont pris le relais et qui ont bombardé toute la région de Vaucouleurs, à plusieurs reprises. Une bombe est même tombée, non loin de son atelier, et fait quelques dégâts…

L’OFFENSIVE DE MEUSE-ARGONNE…
C’est ainsi que se poursuivent les dernières opérations d’envergure. Raoul n’a pas une minute à lui et Adrienne attend son retour et, pour patienter, elle coud des boutons…