Mendez Didier L'homme qui voulait sauver sa peau
108 pages
Poche : 11 x 18 cm
sur papier 80 g bouffant ivoire
Style litteraire : Autres
Numéro ISBN : 978-2-35682-176-8
13.00
€ TTC
Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement
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Présentation de L'homme qui voulait sauver sa peau
L’homme qui voulait sauver sa peau un série d'entretien entre Didier Mendez et Josiane Mendez.
Extrait du livre écrit par Mendez Didier
Entretien avec Josiane Mendez (19 février 2012)
Didier Mendez : Peux-tu me parler brièvement de ton enfance et ensuite de ta rencontre avec ton mari ?
Josiane Mendez : C’est dur ! Je suis née le 17 décembre 1944, j’ai eu une enfance assez heureuse, mais dans une pièce de 9 m avec ma mère. Je n’ai jamais connu mon père. Il m’a vue une fois quand j’étais petite, peut-être deux, mais je ne m’en souviens pas. Je portais le nom de ma maman, Lehoux. Elle a arrêté de travailler jusqu’à mes deux ans. Ensuite, elle m’emmenait tous les jours en garderie à Sèvres par les transports en commun.
D. M. : Vous habitiez Montrouge au sud de Paris.
J. M. : Oui, il fallait aller jusqu’à la porte d’Orléans, prendre le métro jusqu’à la gare Saint-Lazare, puis le train pour Sèvres. J’ai passé ma petite enfance là-bas jusqu’à mes six ans. Il n’y avait pas de maternelle à l’époque. C’était une grande maison en pierre meulière avec un grand jardin. Je restais même quelques fois le soir sur place car le trajet aller-retour était long. Je suis ensuite rentrée à la grande école directement.
Je n’ai jamais aimé l'école. J’ai raté le certificat d'études primaires et je suis allée ensuite à quatorze ans dans un centre d’apprentissage à Clamart. Il y avait toutes les matières et j’apprenais la couture. J’ai repassé et obtenu le certificat d’études à quinze ans. J’ai effectué deux années dans ce centre d'apprentissage. À presque dix-sept ans, je travaillais dans une usine à Montrouge sur des appareils de mesures électriques. Il fallait être très minutieux. Cela me plaisait. C’est de cette période que remontent mes premiers contacts avec mon futur mari. J’ai d'abord rencontré son père, Manuel, qui travaillait dans une usine proche de la mienne avec une dame qui habitait en-dessous de chez moi.
D. M. : Comment l’as-tu rencontré ?
J. M. : Parce qu’il voulait me voir Je ne sais pas pourquoi. Comme ça ! Je lui ai parlé le midi en repartant avec ma voisine. Ensuite, René est venu à la maison un dimanche. Il a vu où nous habitions. Nous sommes sortis et avons marché jusqu’au jardin du Luxembourg, puis nous sommes revenus. C’était début 1964, nous nous sommes fiancés le 1er mai et mariés le 25 juillet. Après notre mariage, ton père a trouvé un travail à Bullion-Longchêne, un centre hospitalier pour les enfants. Nous y sommes restés six mois, logés et nourris. Le week-end, nous allions chez les beaux-parents à Antony. Nous dormions dans la petite maison dans le jardin.
D. M. : Peux-tu me parler de tes maternités ?
J. M. : Je n’ovulais pas. Nous habitions alors à Autun. J’ai pris un médicament pour y remédier et je suis tombée enceinte. Ton père est ensuite parti à Libourne. Il a voulu que je le rejoigne pour un mois. Je n’aurais pas dû. Les beaux-parents m’ont emmené en voiture et une semaine après j’ai eu des contractions. A l’époque, on ne faisait rien pour les arrêter. J’ai perdu mon premier enfant le 25 octobre 1965. A six mois et demi de grossesse, il n’a pas vécu. Avec 1 kilo 510, il aurait pu vivre, il y en a que naissent avec moins que cela.
D. M. : Comment l’aurais-tu appelé ?
J. M. : Je l’aurais appelé Denis. C’est pour cela que j’ai appelé ton frère Pascal avec Denis en deuxième prénom. Ton père, qui faisait des accouchements à la clinique de la Providence, n’avait pas encore effectué son service militaire grâce à un sursis en tant que futur médecin. Il est donc parti en Guyane au mois de novembre. Il ne devait pas revenir avant un an, mais il a effectué un aller-retour à la fin du mois de mars 1966 car il accompagnait des petites filles devant être soignées à Paris. Nous étions allés le chercher à l’aéroport avec les beaux-parents. Il m’avait dit : « Tu mangeras en Guyane si tu n’es pas enceinte. » J’ai répondu : « Enceinte ou pas, je n’irai pas. », je ne voulais pas prendre l'avion et je n’avais pas envie d’aller dans ce pays. J’ai ovulé spontanément et suis tombé enceinte de Pascal durant son cours séjours. Cela fait drôle de raconter cela à son gamin. Pascal est né à 0 h 15 le 19 décembre 1966 à l’hôpital Baudelocque à Paris.
D. M. : Muriel la benjamine est venue ensuite.
J. M. : Le 5 janvier 1969.
D. M. : Et puis c’était mon tour.
J. M. : Ah, pour toi, j’ai eu des problèmes. Enceinte de trois mois, nous étions allés en Haute-Savoie, près d'Annemasse. Ton frère Pascal avait quatre ans, Muriel presque deux. Nous sommes revenus à Antony la veille de Noël et le beau-père est décédé ce jour-là. Il avait la maladie de Kahler. René était encore dans les Alpes. C’est moi qui l’ai appelé pour le lui annoncer. Il est rentré juste pour l’enterrement.
D. M. : Comment as-tu réagi à son décès ?
J. M. : Oh là ! J’ai aidé la grand-mère à l’habiller. Forcément, cela a du me faire un choc. Didier, il a fallu te faire tenir dans mon ventre avec des médicaments. Je prenais notamment du Valium 10. Comme il fallait emmener Pascal à l'école et que Muriel était dans la
poussette, j’étais comme un zombie. J’avais l'impression de « marcher de traviole ». Tu es né le dimanche 6 juin 1971 à la clinique de la Providence pour la fête des mères. Tu étais inconscient car tu avais pris aussi le traitement. Enfin, ce n’était pas grave. On t’a réveillé avec des petites tapes. A huit mois de grossesse, tu faisais quand même trois kilos. Je ne t’ai pas allaité parce que je n’ai pas eu de montée de lait.
D. M. : Justement, j’avais rêvé une fois pendant ma période de psychanalyse que je n’avais pas été allaité. Je l’avais ressenti comme un manque. C’était ressorti du fin fond de mon inconscient. Comment René Mendez se comportait avec ses enfants ?
J. M. : Je trouve que ton père n’a jamais su s’occuper de vous. Quand vous étiez petits, cela passait. Mais quand vous étiez plus grands, il vous forçait toujours à travailler et vous empêchait de jouer.
D. M. : Il m’arrivait de faire des cauchemars.
J. M. : Tu as aussi été somnambule vers neuf ans. Tu ouvrais la porte de l'appartement, et même l’accès du parking souterrain. Je te récupérais dehors la nuit. Une fois, tu avais même ouvert la fenêtre de la cuisine pour sauter. Heureusement que je t’entendais et que l’on était en rez-de-jardin. Je t’appelais « Didier » et tu revenais. Le matin au réveil, je te racontais tes aventures mais tu ne te rappelais de rien.