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couverture du livre Vous faites pas du mauvais sang écrit par SERGENT Bertrand

SERGENT Bertrand Vous faites pas du mauvais sang

84 pages
A5 : 14.8 x 21 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Autres
Numéro ISBN : 978-2-35682-751-7

14.00 € TTC

Frais de port inclus France
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Présentation de SERGENT Bertrand
éditeur de Vous faites pas du mauvais sang


Bertrand SERGENT, médecin généraliste à la retraite, a exercé 37 ans sur la commune de CHEVAL-BLANC. Avec son épouse Nicole, Il y a créé une troupe de théâtre amateur, « La LICORNE », qu’il anime depuis 30 ans.

Présentation de Vous faites pas du mauvais sang


C’est pendant l’été 2015 que me furent remises les lettres manuscrites de Paul REQUISTON. Paul était mort depuis 100 ans…
J’ai donc passé l’été à lire, et retranscrire ces textes à l’orthographe approximative et à la ponctuation inexistante. J’ai été surpris par l’écriture simple, claire mais poignante de ces écrits. Le courage de Paul REQUISTON était évident, pourtant il ne s’en vantait pas et faisait surtout attention à ne pas inquiéter ses proches : la formule « Vous faites pas du mauvais sang » apparaît dans quasiment toutes ses lettres. C’est pour cela que j’ai choisi ce titre quand j’ai décidé de partager l’émotion qui transparaît à travers les écrits de Paul et de sa famille (j’avais aussi les dernières lettres de sa femme et de ses filles), en éditant un recueil de ces courriers.

Paul Réquiston est né le 19 juin 1870 à CHEVAL-BLANC commune du Vaucluse, Il est mobilisé en août 1914 à 44 ans, en octobre il part pour le front des Vosges en passant par Grasse et le 8 Juillet 1915 il meurt à l’hôpital de Remiremont à la suite de blessure de guerre.

Pendant ces mois de guerre d’octobre 1914 à juillet 1915, soit neuf mois, Paul écrit très régulièrement à Junie son épouse, qu’il appelle Nini, et à ses trois filles. Or cet homme simple, agriculteur sur la commune de CHEVAL-BLANC au début du XX° siècle, s’exprime, à travers ses écrits, avec une sincérité et un courage remarquable. De plus c’est avec une grande sensibilité qu’il nous fait partager ses souffrances et l’évolution de ses sentiments au sujet de cette « grande guerre »

Ces lettres méritaient d’être publiées pour rappeler à tous, le sacrifice de ces Français morts pour défendre leur patrie.

C’était hier ! C’était il y a un siècle !


Extrait du livre écrit par SERGENT Bertrand


Le 13 octobre

Chère femme,

Me voilà après mon souper, je me rends au bistrot, que le papier à lettre porte le nom, pour vous raconter un peu ce que nous voyons de nos propres yeux. Nous sommes logés dans un collège, bien installés sur 4 pailles. Je sors, je me trouve en présence, devant le poste de police, de 80 femmes ou enfants. Nous distribuons quelques morceaux du pain et de la soupe qui nous restent. Quand ils nous voient venir, il y en a une douzaine qui nous saute dessus. C’est honteux la misère complète dans des pays comme ça !

Pour le moment, nous sommes bien nourris : nous avons la soupe de pâtes et de viande de bœuf à 10 heures le soir, haricot ou pomme de terre et du mouton avec un morceau de fromage, du roquefort et un œuf de galline. Soyez tranquille pour la boustifaille!

Maintenant, je vais vous dire que je fais partie des aptes, ceux qui sont bons pour la guerre. Aujourd’hui mardi, nous sommes allés au magasin pour nous faire habiller de neuf. Nous devions partir mercredi mais il y a eu contrordre : ce sera pour quelques jours plus tard, je crois pas que nous passions la semaine. Pour le moment, nous sommes habillés avec de vieilles frusques. Pour prendre mon repas comme les autres, il m’a fallu acheter cuillère, fourchette, assiette et verre. Maintenant, je suis monté pour manger la bidoche.

Maintenant, parlons un peu de la maison ; J’ai reçu votre lettre avec plaisir car je languissais déjà. Tachez moyen de vous débrouiller s’il vous faut un peu de la luzerne, achetons en un peu. Vous devez voir ce que vous avez à faire car vous savez que je suis parti pour quelque temps. Je pense pas passer les fêtes de la Noël à la maison.

Ne vous faites pas de mauvais sang, nous sommes pas faits pour aller aux coups. Peut-être quand nous serons à Nice, nous resterons là pour assurer le service. Si à 45 et 46 ans, on nous trouvait vieux, on partirait pour plus loin. Pour le moment, nous sommes sûrs d’aller à Nice. Dans quelques jours, je vous enverrai quelques jolies cartes de Grasse. Si vous avez reçu la carte que j’ai envoyée, la raie blanche que vous voyez, c’est le funiculaire qui monte droit de la gare au casino : C’est joli à voir !

Pour le moment, je vous raconte pas plus, recevez bien le bonsoir, je vais me coucher.

Je vous embrasse tous bien fort !

Pauline, Marie et Jeanne, soyez obéissantes.
Pour la Roquette, je lui ferai une lettre.

Vous faites pas du mauvais sang, soignez-vous, moi je suis pas mal.

Paul