Fouilloux Sarah Une affaire (extra) ordinaire
196 pages
148 x 210 mm
Style litteraire : Policier
Numéro ISBN : 978-2-9554010-0-2
14.00
€ TTC
Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement
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Présentation de Fouilloux Sarah
éditeur de Une affaire (extra) ordinaire
Sarah Fouilloux jongle entre ses deux métiers : scientifique à la ville, écrivain à la campagne.
Après "Derniers murmures avant la fin", publié aux éditions Terre de Brume, elle revient avec ce roman policier au ton léger et plein d'humour.
Présentation de Une affaire (extra) ordinaire
Ce matin-là, l’aventure me tomba dessus sans prévenir. Ça sonne bien, non ? Sauf que ce n’est absolument pas ce qui s’est passé. Sven Hardel est détective privé, et contrairement à l’image romantique et passionnante que l’on se fait de ce métier, son quotidien est plutôt monotone. Jusqu’à une certaine affaire qui se présente comme tant d’autres, banale et insipide, sous les traits d’un père inquiet des fréquentations de sa fille. Mais quand deux gros-bras tout droit sortis d’un film noir tentent d’enlever la jeune fille à deux pas de chez elle, l’affaire prend une autre dimension…
Sven se retrouve en cavale, affublé d’une gamine de seize ans en pleine rébellion contre l’autorité, et poursuivi par une organisation inconnue qui poursuit un objectif tout aussi obscur. Toutes ses ressources seront mises à contribution pour tenter de se sortir de ce guêpier. Une bonne dose de flair, un peu de système D et une patience à toute épreuve lui suffiront-ils pour démêler l’écheveau et se tirer de cette mauvaise passe ?
Extrait du livre écrit par Fouilloux Sarah
J’attends la suite. Souriant.
– Elle me dit que non. Étonnant comme, pour une jeune fille de seize ans, papa n’est pas forcément le meilleur confident qui se puisse trouver… Naturellement, je garde mes réflexions pour moi. Je souris toujours.
– Je ne veux pas qu’elle ait de mauvaises fréquentations. Qui le voudrait ?
– Je veux que vous la suiviez. Que vous découvriez qui est son petit ami et ce qu’ils font ensemble. Oui, alors de ce côté-là j’ai déjà une ou deux petites idées… Des fois, il vaut mieux ne pas savoir, non ? Apparemment pas pour M. Desprée.
Donc, en conclusion, voilà l’affaire du siècle telle qu’elle s’est présentée à moi en cette soirée si semblable à toutes les autres : espionner une adolescence plus ou moins rebelle pour savoir si elle est, finalement, plutôt plus ou plutôt moins rebelle. Passionnant. Je suis fou de joie. L’impatience remplit mon cœur à l’idée d’aller, une fois de plus, sauver la veuve et l’orphelin, faire éclater la justice et protéger les plus faibles de mes concitoyens. Ou presque.
– Vous avez toutes les informations qu’il vous faut ? Je confirme. Je n’ai pas précisément besoin d’une connaissance encyclopédique de la famille Desprée pour aller jeter un œil sur les agissements de leur dernier rejeton… Son nom, son adresse, l’adresse de son lycée, je n’en demande pas plus. Les noms de ses amis les plus proches, peut-être ? Il ne les connaît pas. Bon, alors je n’ai plus de question. Enfin, si, quand même : quelle est l’opinion de la maman quant à la démarche du papa ? Ah. Il n’y a plus de maman. Morte d’un accident de la route il y a onze ans, ce qui en faisait cinq pour Claire. Ceci explique que ce soit l’austère
Monsieur Desprée, avec son imperméable et son visage impassible, qui s’inquiète pour sa fille. Il précise qu’avec son métier d’avocat, il n’est pas toujours très disponible pour elle. Oui, j’avais déjà plus ou moins deviné cela de l’heure tardive à laquelle il a débarqué chez moi. D’où l’idée de déléguer à un détective privé, je suppose. Logique. Peut-être pas l’approche la plus saine du problème, mais on ne peut nier la cohérence de la démarche.
Apparemment, la gamine devient de plus en plus difficile à gérer, en particulier ces derniers jours. Plus spécifiquement ? Elle s’habille n’importe comment, se maquille beaucoup trop, elle est taciturne, rentre parfois tard le soir et refuse de donner des explications. Ça fait plusieurs semaines, peut-être même plusieurs mois, qu’elle est comme ça. Oui, bon, elle a seize ans, quoi. Mais ces derniers jours, ça prend des proportions inquiétantes. Elle se maquille encore plus, rentre encore plus tard le soir et refuse de donner des explications sur son emploi du temps. Bref, ça empire.
Je m’enquiers tout de même : est-ce qu’il a tenté de discuter de tout cela avec sa fille ? Il m’envoie très poliment balader. Il n’a pas besoin de mes conseils, merci beaucoup, simplement de mes services en tant que détective privé. Mais bien sûr, Monsieur Desprée. Avec plaisir, Monsieur Desprée.
Plus que quelques menus détails à régler… nous tombons d’accord sur la valeur financière de mon travail. Et sur une petite avance pour les frais occasionnés. Nous convenons également de faire le point après une semaine de filature, ou plus tôt si je venais à découvrir des informations importantes. Quelque chose me dit que c’est relativement peu probable.
Et en même temps, je ne fais pas ma fine bouche. Il paye bien, Monsieur Desprée, même s’il n’a pas quitté son manteau et que pas un sourire n’a éclairé son visage. Allez, dernière tentative. Je souris de toutes mes dents pour annoncer :
Bon, ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que ça va s’arranger. Il reste imperturbable. Mon sourire s’élargit encore un peu.
Je suis sûr qu’elle ne fait rien de grave. Plus de dents. À mesure que mes dents illuminent mon visage, sa bouche se crispe. Comme s’il voulait compenser mon sourire béat.
Vous avez beaucoup de certitudes pour quelqu’un qui n’a même jamais rencontré la personne dont il parle. Curieusement, quand il est contrarié, il arrive à parler sans montrer la moindre de ses dents. Il en faut plus pour me déstabiliser. Encore un peu plus de dents.
Oh, je sais que vous vous inquiétez pour elle. Ce n’est pas facile d’être un père célibataire. Mais croyez-en mon expérience, vous vous inquiétez probablement plus que nécessaire.
Nous verrons cela lorsque vous aurez des résultats. Et il se lève pour prendre congé. Enfin, prendre congé laisse supposer l’emploi d’une ou deux formules de politesse, voire d’un sourire. Je n’eus droit à rien de tout cela. Il se leva simplement, lissa son imperméable du plat de la main, et sortit sans un mot, refermant soigneusement la porte derrière lui.