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couverture du livre Jean des causses écrit par ANGILELLA-SCOT Myriam

ANGILELLA-SCOT Myriam Jean des causses

292 pages
A5 : 14.8 x 21 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Roman
Numéro ISBN :

5.00 € TTC

Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement

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Présentation de ANGILELLA-SCOT Myriam
éditeur de Jean des causses


Myriam ANGILELLA–SCOT est professeur d’histoire, écrivain, photographe ; elle organise, en tant que créatrice et présidente des associations M’Arts Mots Culture et Rouerg’Arte, les «Rencontres photographiques» et les «Rencontres d’écrivains», tous les étés en Aveyron. Auteur de nombreux livres d’art, d’histoire, contes, romans, articles inspirés de ses voyages, elle dirige avec son époux, le peintre-photographe Joseph AUQUIER, la Galerie L’Arche à Alès jusqu’en 2007, à Saint-Geniez-d’Olt depuis 2005.

Présentation de Jean des causses


« Jean des Causses », roman, 292 p, 20 €
Si tous connaissent la célèbre maison de vente par correspondance de linge de maison « Jean des Causses », peu savent le parcours étonnant de son créateur. Aveyronnais talentueux, passionné de matières textiles, de bien-être, par l’harmonie et le dessin, sa vie va de Campagnac à Sévérac, Millau, en Lozère, à Montpellier, à Paris. Il applique les découvertes et inspirations qu’il rapporte de ses voyages en Turquie, Italie, Sardaigne, Corse, Portugal et Maroc. À la suite d’un homme entreprenant, d’un artiste, cette saga familiale de 1928 à 2018 allie les familles rurales et l’ethnie gitane.
Myriam ANGILELLA–SCOT est professeur d’histoire, écrivain, photographe ; elle organise, en tant que créatrice et présidente des associations M’Arts Mots Culture et Rouerg’Arte, les «Rencontres photographiques» et les «Rencontres d’écrivains», tous les étés en Aveyron. Auteur de nombreux livres d’art, d’histoire, contes, romans, articles inspirés de ses voyages, elle dirige avec son époux, le peintre-photographe Joseph AUQUIER, la Galerie L’Arche à Alès jusqu’en 2007, à Saint-Geniez-d’Olt depuis 2005.


Extrait du livre écrit par ANGILELLA-SCOT Myriam


Mon grand-père me découvre au retour du village où, comme toutes les semaines il est allé, sur la place haute, devant la croix de mission, échanger les produits de la ferme. Rien ne le dissuade de s’y rendre, ni la neige, ni le froid, ni les fortes chaleurs de l’été.
- Il faut vendre nos œufs quand ils sont frais. Des personnes attendent nos choux, raves et herbes vertes. Cela fait rentrer de l’argent sonnant et trébuchant. Nous en avons besoin pour acheter les denrées que nous ne produisons pas.
Habituellement ma grand-mère l’accompagne. En raison de l’absence de mes parents elle est restée à la maison.
- Tu n’as pas vu les gitans ?
Ferdinand explique :
- Ils sont partis par Ajas, vers Saint-Laurent. Ils savent y trouver des osiers à couper au bord du Lot pour tresser leurs paniers et connaissent un espace, avant d’arriver à Banassac, vers Prat-Naù, où ils peuvent s’arrêter et travailler tranquillement quelques jours.
- Gare aux poules d’Estables.
- Et d’ailleurs, ajoute grand-mère.
- Ne médisez pas, ce sont de bonnes gens qui nous ont porté secours.
- À n’en pas douter.
- Le gitan a un profond respect pour les enfants.
- Pour la maternité.
- Ils revenaient de prier leur sainte.
- Tu sais cela comment ?
- Regardez ce que la femme m’a donné.
Justine leur montre.
- La médaille est pour moi, le collier pour le petit.
Catherine regarde les présents.
- La médaille est juste dorée, par contre le pendentif…
Honoré prend l’objet, le tourne, regarde de plus près.
- C’est de l’or, elle t’a fait là un beau cadeau.
Se tournant vers son fils :
- Tu leur as donné quelque chose ?
- Ils n’ont pas voulu d’argent. Ils ont mangé, je leur ai laissé un demi-jambon et deux miches de pain à peine entamées.
- C’est bien, approuve Honoré.
Il tient toujours le pendentif dans sa main et le regarde intrigué.
- Demain nous irons à la mairie déclarer l’enfant.
- Comme tu veux, père, répond Ferdinand.
- Il faut le faire rapidement et régulariser la situation.
Il regarde son fils qui semble accablé, perdu.
- Allons c’est pas tout, il faut s’occuper des bêtes, viens.
Les deux hommes sortis Catherine et Eugénie s’affairent en cuisine. Elles épluchent sur la grande table de bois les légumes qu’elles sont allées chercher à la réserve derrière la souillarde. Elles se font face. Les tronçons de légumes tombent sur un bout de toile étalé sur la table.
- C’est un beau garçon que la petite a donné à Ferdinand.
- Né avant l’heure.
- Ou en temps voulu…
- Il aura ainsi une famille.
- Cela vaut mieux.
- Un héritier, il nous en fallait un.
- Savoir si le ciel nous en enverra un autre.
- Qui sait…
Les deux femmes soulèvent la tête et échangent un regard complice.

****
Nous sommes assis sur le premier gradin de l’arène. Les Arlésiennes font leur entrée accompagnées des tambourinaires. J’ouvre grand les yeux : les costumes sont éblouissants.
Soies, imprimés provençaux, dentelles, coiffures, élégance, port de reine, tout cela se bouscule dans mon esprit. Les razéteurs, vêtus de blanc, entrent en piste. L’un d’eux se signe. Un autre a un visage typé, qui m’évoque l’ethnie gitane.
Les Arlésiennes montent s’asseoir à la tribune d’honneur. Les hommes en blanc se positionnent. Un coup de trompette me fait sursauter. Les portes du toril s’ouvrent et un cocardier noir entre en piste, il est fougueux et fonce tout droit vers nos bancs. Je ne peux m’empêcher d’avoir un mouvement de recul. Jacques s’aperçoit de mon geste.
- Nous ne risquons rien. Tu vas voir.
L’animal fait un tour de l’arène en faisant sauter de l’autre côté les hommes en blanc qui se tenaient sur la piste. Il s’immobilise.
- Ses yeux se sont habitués. Il sort de l’ombre du toril, souffle Jacques. On ne doit pas razéter durant la première minute.
Les jeunes gens entrent en scène et nous donnent à voir un ballet parfaitement orchestré. J’observe. Je sais qu’ils doivent razéter pour enlever dans l’ordre les glands, la cocarde, la ficelle d’entre les cornes de la bête.
Le cocardier se défend avec ruse.
- Certains reviennent régulièrement dans l’arène pendant dix ans, parfois plus, m’explique Jacques. Ils se connaissent avec les razéteurs. Si tu fais attention tu entendras que certains l’appellent par son nom.
Des hommes plus âgés passent devant l’animal pour le placer de façon à ce que le razéteur puisse attraper les attributs* le plus facilement malgré la fougue et la vitesse du taureau.
- Ce sont les tourneurs. Leur rôle est essentiel, ajoute Jacques.
L’organisation de l’équipe, les différents razets sont une découverte. L’agilité, le mouvement, les corps bien musclés des jeunes gens, leurs longues jambes, leur détente au saut, leur allure filiforme sont un ensemble qui rend le spectacle très agréable. L’un d’eux vient se reposer et souffler quelques secondes à nos pieds dans la contre-piste. Je remarque, sous sa chemise, les muscles tendus de son torse. Je vois ses mains, belles, fines, l’une a des doigts protégés et tient le crochet à quatre dents.
Chaque bête reste quinze minutes dans l’arène. Un animal est moins endurant qu’un homme. Dans les équipes quand certains ont couru, sauté, ils se reposent et d’autres prennent la relève.
Le quatrième taureau est une furie. L’action est très rapide. Les jeunes prennent des risques. Il s’acharne contre la barrière et la saute à la suite d’un razéteur dans la contre-piste. Certains membres des équipes ont juste le temps de se glisser derrière des espaces protégés par des barres de fer. D’autres s’accrochent aux protections des gradins. À ma droite un jeune homme aux cheveux noirs frisés, aux traits marqués, s’agrippe et me regarde. C’est un gitan. Il a dans le regard cette étincelle ardente et passionnée que l’on ne retrouve que chez eux.