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couverture du livre Jeanne écrit par Aubineau Claudine

Aubineau Claudine Jeanne

90 pages
15.8 x 24 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Roman
Numéro ISBN : 978-2-35682-266-6

13.65 € TTC

Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement

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Présentation de Jeanne


Un petit village de montagne abrite une histoire, celle de Jeanne et sa famille, pendant les années jouxtant la dernière guerre.

La vie de Jeanne et ses enfants nous emmènent dans différentes régions : Les Alpes, l'Auvergne, le Cognaçais, l’Ile de Ré, Paris. Des drames, des passions, de la tendresse et l’amitié font de cette histoire une bien agréable lecture.

Des personnages, sites et monuments sont décrits, certains sont représentés par de petites photos. Vous aimerez « Jeanne », un beau roman.


Extrait du livre écrit par Aubineau Claudine


Une nouvelle fois, la fillette s’est réveillée en sursaut. Elle regarde si un rai de lumière filtre à travers les volets de bois, mais aucune lueur ne peut lui indiquer l’heure actuelle.

Jeanne a encore refait le même cauchemar. C’est ainsi depuis un mois, depuis le jour où sa chère maman Thérèse a perdu la vie en donnant le jour à son cinquième enfant, un bébé né à huit mois de grossesse, mais déjà robuste.

La gamine n’a que douze ans, mais elle est devenue en peu de temps une petite mère pour ses deux frères et sa sœur Pauline. Le bébé est, quant à lui, placé chez une nourrice qui va l’allaiter en même temps que sa propre fille, jusqu’au moment où il sera assez costaud pour réintégrer le domicile familial.

Le vent souffle, les grands arbres se plaignent. La porte du poulailler grince. Heureusement, Biquette est bien au chaud dans la paille et pourra donner du bon lait nécessaire au petit-déjeuner de la fratrie.

Le coq chante dans le poulailler, le jour va bientôt se lever. Maurice descendra rallumer le feu dans la grande cheminée de la cuisine. Puis, ce brave père, préparera le café.

Jeanne hésite à sortir du bon lit douillet qu’un gros édredon a réchauffé. Elle émerge enfin et descend rejoindre le chef de famille. Il prend sa fille dans les bras et lui sourit, mais la petite sait, qu’au fond de son cœur, il est triste.

Pendant la nuit, la neige n’a cessé de tomber, et c’est un magnifique tapis blanc qui s’offre à leur vue, dès que Maurice a ouvert la porte pour aller chercher un fagot dans la grange.

Comme c’est beau ! Les flocons tourbillonnent, le vent s’est apaisé. Nuro, le chien de berger, entre en frétillant de la queue, en quête de caresses. Jeanne le gratte derrière l’oreille, et la brave bête, en retour, lui lèche la main. Puis, l’enfant et l’animal sortent admirer la beauté du paysage. Les sapins ont mis leur habit de fête.

Les bottes de la fillette s’enfoncent dans la couche neigeuse, laissant de petites empreintes sur le sol. Nuro gambade joyeusement autour d’elle. Un oiseau vient se poser près d’eux. Il cherche quelques miettes de pain laissées d’habitude pour lui, mais hélas, tout est recouvert par cette poudreuse, et il devra attendre la fin du prochain repas.

Le chalet situé sur un pan de montagne domine la vallée. Tout est calme et serein ! Où sont les edelweiss, ces jolies fleurs blanches, en remontant beaucoup plus haut, les gentianes bleues ou jaunes, les narcisses, les pensées violettes, l’ail aux pompons mauves, toutes ces splendeurs du printemps et de l’été ? Pour l’instant, il n’y a plus de multiples couleurs. Ce manteau immaculé offrirait bien une image de base, un modèle, aux peintres les plus talentueux, ainsi qu’aux débutants.

Le nez rougi par le froid, Jeanne retourne à l’intérieur de l’habitation. Un bon feu crépite dans l’âtre. Le lait chauffe sur la cuisinière. Elle prépare deux tartines, taillées dans la bonne miche, qu’elle enduit de beurre, et elle commence son petit•déjeuner. Les enfants dorment encore, elle aura le temps de faire sa toilette avant leur réveil, puis elle servira le lait aux garçons, Louis, âgé de huit ans, et Florentin, six ans. Quant à la petite Pauline de deux ans et demi, il faut lui couper le pain et le tartiner, car c’est encore une toute jeune demoiselle ; Pauline, aux grands yeux bleus de Maman, au sourire tendre, un visage d’ange. Les plus grands ressemblent tous à leur père. Le bébé, lui, est encore trop petit être comparé aux autres.

Maintenant, tout ce petit monde est réveillé, lavé, repu. Les enfants sont habillés de manteaux et bonnets, chaussés de bottillons, afin d’aller jouer dans la neige.

Papa n’ira pas vendre ses volailles et légumes sur le marché aujourd’hui. Il fait trop froid, et Duc ne tirera pas la charrette à laquelle il est attelé d’ordinaire. Le bon cheval noir restera dans l’écurie.

Les gamins ont construit un grand bonhomme de neige, le coiffant d’un vieux chapeau. Ils ont piqué une carotte pour faire un nez, et chapardé un balai dans le coin bricolage de leur père afin de l’installer à côté de leur création, dont ils sont fiers. Ils sont joyeux, oubliant un peu ainsi le malheur qui a frappé la famille quelque temps auparavant.

Le nuage de fumée qui s’échappe de la cheminée se confond avec le ciel très bas. Il n’y a plus de vent, mais les branches des arbres sont affaissées sous leur fardeau. Maurice fait rôtir un poulet, et Jeanne épluche des pommes de terre. Il faut bien nourrir toutes ces bouches affamées. Les jeux dans la neige, les courses de luges, leur ont ouvert l’appétit.

Jeanne lave la vaisselle, les garçons l’essuient. Pauline fait la sieste. Maurice somnole près de la cheminée, il revoit le jour de son mariage, la naissance des enfants, puis le dernier baiser sur la joue de sa femme, en lui fermant les yeux. Maurice survit, mais ne vit plus vraiment. Il ne sait pas pourquoi, mais il sent ses forces diminuer.

Trois mois ont passé. Le dernier•né de la famille Fausel est revenu, il est beau ! Sa grande sœur est enchantée.

Les enfants vont à l’école du hameau le plus près, sauf Philémon, le plus jeune, qui est gardé par la voisine, une dame âgée, et Pauline qui reste avec son père. Elle le suit partout, au potager, sur les marchés. Aujourd’hui, la petite est silencieuse, ne bougeant presque pas. Maurice continue son jardinage. Soudain il se retourne et là, stupeur ! Pauline a disparu. Il l’appelle, en vain. Le pauvre homme est désespéré. Il longe le ruisseau, n’osant à peine regarder la surface de l’eau, par crainte d’apercevoir un indice précisant la chute de la gamine. L’herbe est de plus en plus haute. Maurice bute sur quelque chose, et découvre Pauline endormie après sa marche, assez longue pour ses petites jambes. Heureux, il la réveille d’un seul coup.

L’enfant voulait chercher sa maman. Elle pleure, le père aussi, mais lui, de joie.

Maurice a acheté une brebis qui lui a donné de beaux agneaux. Il s’est lancé dans l’élevage. Les verts pâturages des Alpes sont parsemés de taches blanches, noires et crème. On entend des bêlements et les grelots de Biquette. Les enfants vont souvent accompagner le troupeau, ainsi que Nuro.

La vie a repris le dessus. Maurice aussi.

Il a acheté quelques vaches, il les mène dans l’alpage pendant l’estive. Il espère ainsi fabriquer des fromages, qui ressembleraient au Reblochon ou au Beaufort, et peut•être même du Chevrotin, avec l’aide de Biquette.