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couverture du livre Vouloir à son insu écrit par Lejanisque Marc

Lejanisque Marc Vouloir à son insu

266 pages
A5 : 14.8 x 21 cm
sur papier 80 g offset
Style litteraire : Savoir
Numéro ISBN : 978-2-7466-6843-0

25.69 € TTC

Frais de port inclus France
Métropolitaine uniquement

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Présentation de Vouloir à son insu


Le livre comporte trois parties.

La première resitue les éclairages les plus reconnus de la philosophie classique sur le rôle attribuable aux grandes instances psychiques que sont : l’intuition, la raison, les émotions, l’instinct, l’imagination, etc… dans les modalités de la formation de notre volonté.

La deuxième recense les apports importants et diversifiés fournis à la problématique par tout le faisceau des sciences sociales qui ont connu un développement si explosif dans les soixante dernières années : La psychologie, l’éthologie, le développement psychomoteur des nourrissons, les connaissances sur la mémoire, le cognitivisme…

Enfin la troisième partie en arrive à la véritable révolution que constitue en la matière l’irruption des neurosciences.

Mais de cette partie vous n’aurez pas d’extrait, car la surprise est de celles qui se livrent en une fois, tant elles font rupture avec leur antériorité.

Bonne lecture.


Extrait du livre écrit par Lejanisque Marc


… à travers toute la partie de son évolution qu’on appelle le processus d’hominisation, l’humain s’est heurté pour réaliser ses volitions à deux sortes de résistances, celle de la nature physique, de la matière inerte, et celle du vivant, tout particulièrement des volitions de ses congénères, d’où il a résulté finalement une disparité dans l’utilisation de sa faculté de raison dans un cas et dans l’autre.

De ces deux redoutables résistances, la plus inexorable, la plus formidable et surtout la plus ancienne qui plonge au plus loin de notre atavisme animal, est bien sûr celle de la nature matière physique. S’y adjoignait cependant dès l’origine l’adversité d’une petite part du vivant, les prédateurs à qui il fallait échapper, et le gibier qu’il fallait au contraire capturer.

Il fut un temps où nos très lointains ancêtres coureurs de savanes ne survivaient qu’en consacrant l’essentiel de leur énergie à s’efforcer de surmonter cette résistance des forces naturelles, c’est-à-dire à accomplir des actes (des actions physiques), seuls susceptibles de modifier la nature dans le sens voulu, ou du moins de les soustraire à ses effets nocifs redoutés.

Pendant ces centaines de milliers d’années pour le moins, nos prédécesseurs vivaient certainement en petits groupes à l’existence précaire. Au sein de ces hordes primitives, la communication était rudimentaire et restreinte, l’acte primordial.
Ceci tout d’abord du fait de cette confrontation permanente aux éléments inanimés, sur lesquels la communication dépourvue d’influence est sans objet, et de la confrontation aux prédateurs et gibiers pour lesquels elle n’a guère respectivement qu’une fonction d’alerte et
d’intimidation ou de rabattage.

La quasi-totalité de la lutte permanente contre l’adversité de la nature ne pouvait donc passer que par un enchaînement tout aussi permanent d’actes pour y répondre, ce qui dans les conditions de productivité de la vie toute primitive laissait peu de temps et d’énergie pour quelque communication superflue que ce soit.



C’est certainement pendant cette longue confrontation quasi exclusivement aux choses, à la matière inanimée, qu’a eu lieu la lente maturation et incorporation des outils de la raison, des processus mentaux permettant d’appréhender, de comprendre, de classifier les résistances des choses aux volitions humaines, d’intégrer comme éléments
déterminants du succès ou de l’insuccès des notions fondamentales telles que unité et pluralité, tout et partie, identification et indétermination, appartenance et séparation, cause et effet, inéluctabilité et aléa, etc… Bref de se forger à travers mille générations ce que la
philosophie classique a nommé les catégories de l’entendement, sorte de boîte à outils de la raison, au moyen desquels nous analysons logiquement ce que nous percevons mais aussi pouvons concevoir des entités nouvelles, découvrir, imaginer et inventer, sans déroger,
sous réserve d’une suffisamment bonne maîtrise des outils, aux lois physiques du monde dans lequel nous vivons.

En somme, ce que le grand Emmanuel Kant comptait comme « des concepts a priori de l’entendement » le sont bien à l’échelle de la vie humaine, mais sans doute à l’échelle du processus d’hominisation sont-ils une très longue conceptualisation « a posteriori » (c’est-à-dire issue d’expériences vécues), fragmentée, transmissible de génération en génération et cumulative (comme celle de ces macaques japonais ayant appris à laver des tubercules dans la mer ou les ruisseaux pour les manger débarrassés du sable).

Mais, pour ce qui est des caractéristiques de l’outillage, les « catégories » ou « concepts généraux de l’entendement » en suivant Kant, il en résulte qu’il est particulièrement adapté aux objets à partir desquels il a été conçu : Le côté froid, insensible, purement logique qu’on ressent vis-à-vis de la raison provient justement de ce qu’elle a été équipée de pied en cap à partir des expériences d’actes (physiques) sur de la matière, sur des objets inanimés.

Les fondations mêmes de la raison humaine ont donc été coulées dans le rapport au réel matériel et non au relationnel, pendant ces très longs temps où la communication, sans effet sur l’inerte, a été tenue en lisière en tant que forme d’action.